Un syndrome très répandu !
C’est un fait, certaines personnes ont le syndrome des placards et du frigo toujours remplis !
Que l’on parle de l’épicerie de base (comme les épices ou les féculents secs), des produits longue conservation qu’on stocke au frais ou des produits périssables achetés régulièrement au marché ou à la supérette du coin, point de pénurie chez eux !
Evidemment, notre velléité à remplir le frigo et les placards dépend étroitement de
- notre goût pour la cuisine
- de combien de personnes vivent sous notre toit
- de la propension de nos amis à débarquer à l’improviste
- de la fréquence à laquelle on dîne dehors
- des offres promotionnelles qui viennent garnir comme par magie les étagères
- et de la distance qui nous éloigne du ravitaillement.
Mais cela mis à part, et cuisine thérapie oblige, qu’est-ce qu’un frigo ou des placards toujours pleins disent de nous ?
Avant de rentrer dans le vif du sujet, précisons que ce qui est intéressant comme toujours, c’est d’observer la répétition, l’intensité et la difficulté à faire autrement.
Peu importe qu’on se laisse déborder de victuailles de temps en temps en surévaluant ses besoins, c’est quand cela devient un mode de fonctionnement systématique que cela peut être utile d’interroger son comportement.
- Se sentir soudainement en insécurité parce qu’on n’a plus de yaourts
- Racheter frénétiquement un aliment dès que le stock diminue
- Suivre scrupuleusement la consommation de tel ou tel ingrédient pour ne pas être pris de court…
Que craignent donc ces personnes qui ont leur frigo toujours plein ?
Pour quelles raisons ont-elles besoin d’avoir du stock et des placards qui regorgent d’ingrédients ?
La peur de manquer
Evidemment, dans le Top 3 des raisons, figure la peur de manquer !
Le plein a alors une fonction rassurante, et l’expression « faire le plein », qui consiste à remplir au maximum, est en ce sens lourde de sens.
L’abondance dans les placards, c’est un peu l’assurance de voir venir, une sécurité pour ne pas être pris au dépourvu.
Que l’on fasse ou non partie de la génération qui a vécu la pénurie, que la perspective d’un avenir plus sombre soit plausible ou non, la nourriture vient cristalliser notre peur de manquer.
C’est cette peur du vide qui nous invite à nous doter de munitions et de vivres (tiens donc, le mot est parlant) comme si un instinct archaïque nous poussait inconsciemment à faire des provisions au cas où.
Pour ces personnes, difficile bien sûr d’imaginer organiser une quelconque détox des placards comme certains le suggèrent, encore moins de vivre sans frigo, à l’heure où l’on nous dit pourtant qu’on pourrait faire sans ! Faire le vide a quelque chose de vertigineux et donc d’impossible.
Le besoin de tout prévoir
Au-delà de cette peur de manquer, il peut s’agir aussi du besoin de tout prévoir, d’avoir un contrôle sur les événements.
Chez ces personnes, un frigo toujours plein est plutôt symptomatique de leur volonté de se tenir prêt et de parer à toute éventualité.
Ici, il s’agit surtout du besoin d’organiser, de s’assurer que tout est cadré et sous contrôle.
Y compris les ingrédients les plus improbables, ceux qu’on utilise une fois par an avec une seule recette et qu’on remplace sitôt consommés…. juste au cas où !.
Ce besoin de tout prévoir est entretenu par l’illusion (le fantasme ?) qu’on peut avoir la mainmise sur ce qui peut arriver.
Un tempérament perfectionniste
Dans le même ordre d’idée, cette tendance au toujours plein peut témoigner d’un tempérament perfectionniste.
La personne souhaite non seulement ne pas être prise au dépourvu, mais aussi ne pas prendre le risque d’être en faute si quelqu’un débarque à l’improviste.
On pourrait objecter que la solution de repli dans un restaurant ou l’option livraison à domicile sont toujours possibles.
Mais c’est faire peu de cas de l’importance que revêt pour ces personnes la notion de recevoir, de nourrir l’autre même à l’improviste.
Après tout, « convier quelqu’un, c’est se charger de son bonheur pendant tout le temps qu’il est sous votre toit » disait Brillat-Savarin.
L’important est alors de ne pas faillir, et c’est sans doute particulièrement vrai pour les personnalités empathiques, très centrées sur l’accueil, le soutien et l’aide aux autres.
Le frigo et les placards font alors office de garde-manger, fonction ô combien indispensable pour se mettre en lien avec l’autre.
Voire mode essentiel de relation à l’autre pour bien des cordons bleus.
Autres tentatives d’explications
D’autres raisons peuvent expliquer cette propension à avoir un frigo (et des placards) toujours pleins.
Citons en vrac :
- la difficulté à jeter qui conduit à empiler quand on ne peut pas se résoudre à gâcher, même quand les denrées sont largement périmées
- la difficulté à évaluer ses besoins : un trop plein peut témoigner de personnalités qui ont « le frigo plus gros que le ventre » et des soucis à s’organiser côté ravitaillement
- le souhait de se débarrasser de la corvée de l’approvisionnement et d’en espace au maximum la contrainte
- ….
Frigo et dimension cachée ?
Pièce centrale dans une cuisine, le frigo garde malgré tout une dimension intérieure et un peu cachée !
Comme un petit chez-soi, le frigo est emblématique de ce que nous sommes et ouvrir le frigo de quelqu’un en dit long sur :
- sa propension à cuisiner bien sûr
- mais aussi sur ses habitudes alimentaires et ses doudous culinaires
- son attachement à l’ordre et au rangement
- son sens de l’organisation.
Il paraît qu’un livre existe sur Le frigo des chefs, qui nous révèle ce qu’il y a dans leur frigo donc, mais aussi dans leur tête et dans leur assiette…
Demander à chacun de se plier à cet exercice (comme on le fait pour des stars avec leur sac à main !) nous en apprendrait beaucoup sur l’autre.
De mon côté, je dois bien l’avouer, au-delà de découvrir l’intérieur de quelqu’un que je viens de rencontrer ou que je connais bien d’ailleurs, j’adore ouvrir son frigo !
Crédit photo www.deco.fr
Praticien Cuisine Thérapie :
10 questions pour savoir si ce métier est fait pour moi
Bonjour,
Comment fairequand l’appartement N est pas extendible et que votre conjoint en est à 10 paquets de pâte à dans le placard 10 conserves de lentilles etc….
Merci.
Bonjour Cécile, merci pour votre retour. Essayez peut-être de lui demander en quoi ces 10 paquets sont utiles et comment ce serait pour lui de diminuer les stocks par 2 ? En espérant qu’il ait envie de se prêter à cette réflexion ?
Génial